ICHRP-Canada
La Coalition internationale pour les droits de l’homme aux Philippines (ICHRP) – Section Canada est un réseau mondial d’organisations préoccupées par la situation des droits de l’homme aux Philippines. Nos membres se sont engagés à faire campagne pour une paix juste et durable dans le pays. La coalition vise à informer la communauté internationale de la grave situation des droits de l’homme aux Philippines.
MiningWatch Canada
- les entreprises canadiennes opérant à l'étranger puissent être tenues responsables au Canada de leur rôle dans les violations des droits de la personne à l'étranger;
- le personnel consulaire canadien a pour mandat de protéger les défenseurs des droits de la personne menacés pour leurs actions pacifiques face aux violations commises par des entreprises canadiennes opérant à l'étranger;
- et que le gouvernement canadien soit tenu responsable de son soutien financier et politique à la fois aux entreprises canadiennes opérant à l’étranger et aux gouvernements impliqués dans des violations des droits de la personne dans leur pays.
Depuis l’élection de Rodrigo Duterte, les exécutions extrajudiciaires ont augmenté en partie à cause de la campagne contre les drogues mise en œuvre peu après l’élection de Duterte et des campagnes de contre-insurrection lancées après que le gouvernement a mis unilatéralement fin aux pourparlers de paix avec le Front démocratique national (NDFP).
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et Global Witness ont récemment fait part de leurs préoccupations concernant l’augmentation des exécutions extrajudiciaires, des arrestations arbitraires et du ciblage des défenseurs des droits de l’homme, de l’environnement et des terres autochtones. Souvent, ces défenseurs des droits sont affiliés au parti communiste des Philippines et sont soit arrêtés en tant que prisonniers politiques, soit tués en raison de leur militantisme basé sur les droits, qui est présenté comme une opposition au régime de Duterte.
Compte tenu de ces circonstances, le Canada ne devrait pas vendre de matériel militaire et fournir une coopération en matière de défense aux Philippines. En 2019, le Canada a délivré des « refus de licence d’exportation de biens et de technologies militaires, à double usage et stratégiques » à l’égard de quatre pays sur la base de la « politique étrangère et de défense canadienne », les Philippines devraient être ajoutées à cette liste.

Nous sommes également préoccupés par les entreprises canadiennes opérant dans des pays où des violations flagrantes des droits de la personne se produisent, en particulier les sociétés minières canadiennes opérant aux Philippines.
Le 6 avril 2020, une centaine de membres de la police nationale philippine ont dispersé violemment 29 résidents, principalement des autochtones Ifugao, qui maintenaient la barricade populaire et pacifique de Didipio, qui avait été autorisée par les gouvernements municipaux et provinciaux le 1er juillet 2019. Rolando Pulido a été battu et arrêté ; d’autres ont été blessés.
Cet événement a été déclenché par la société canadienne OceanaGold qui a demandé l’approvisionnement de trois camions de carburant afin de maintenir les opérations de base de la mine Didipio et qui ont, par conséquent, brisé le blocus. La mine Didipio, située à Nueva Vizcaya, est en exploitation depuis 2013, mais son accord d’assistance financière et technique a expiré en juin 2019 et n’a pas été renouvelé. Avec le soutien des gouvernements municipaux et provinciaux, les citoyens et les communautés locales s’opposent au renouvellement du permis en raison des violations des droits de l’homme liées à l’exploitation minière, de la dégradation de l’environnement et des impacts négatifs sur les moyens de subsistance locaux.

Enfin, nous sommes préoccupés par le manque de soutien efficace du personnel consulaire canadien envers les défenseurs des droits de la personne et de l’environnement menacés en raison de leurs efforts pour protéger les droits humains dans le contexte des opérations à l’étranger des entreprises canadiennes, et du manque de mécanismes de responsabilisation efficaces au Canada pour tenir les entreprises canadiennes responsables lorsqu’elles ont causé ou contribué à des violations des droits de l’homme à l’étranger.
Lorsque les villageois de Didipio ont rencontré le personnel de l’ambassade canadienne à Manille en 2018, après avoir été injustement affiliés au CPP-NPA en raison de leur opposition aux opérations d’OceanaGold, ils n’ont pas reçu la protection qu’ils demandaient, malgré la menace connue à laquelle ils étaient confrontés en tant que défenseurs des droits humains.
Nous demandons à la Chambre des communes de :
- Rendre l'ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises (OCRE) indépendant et apte à exiger des preuves et des témoignages sous serment. Le gouvernement du Canada s'est engagé à accorder à l’OCRE ces pouvoirs d'enquête nécessaires, mais a par la suite renié cet engagement;
- Adopter une loi sur la diligence raisonnable en matière de droits humains qui oblige les entreprises à respecter les droits humains internationaux. Une telle loi aurait à la fois un effet préventif et fournirait un recours légal au Canada pour ceux qui ont été lésés par les actions d'entreprises canadiennes opérant à l'étranger;
- Tenir des auditions sur la situation des droits de l'homme aux Philippines avec le Sous-comité des droits internationaux de la personne lors de la présente session parlementaire;
- Mettre fin à l’appui canadien envers le gouvernement des Philippines, dont les programmes socioéconomiques et financiers, le soutien tactique, logistique et en formation, la vente de matériel militaire et la coopération en matière de défense;
- Confier au personnel consulaire canadien le mandat de protéger les défenseurs des droits de la personne. Alors que le personnel de l'ambassade canadienne est actuellement mandaté de promouvoir et protéger les intérêts des entreprises canadiennes opérant à l'étranger, il n'a toutefois pas pour mandat de protéger les défenseurs des droits de la personne dont la vie est menacée en raison de leurs critiques sur les impacts légaux et environnementaux causés par ces entreprises.